Rencontre avec Lydie Fenech, directrice du Pôle Média et membre d’Ecoprod depuis 2011.
Lydie Fenech, vous êtes directrice du Pôle Média du Grand Paris, pouvez-vous nous présenter les activités du Pôle Média ?
Nous sommes référencés Grappe d’Entreprises depuis 2011. Nous sommes un cluster, c’est-à-dire un réseau collaboratif qui réunit les entreprises, les organismes de formation et de recherche et les collectivités qui nous soutiennent dans un même écosystème pour essayer ensemble de produire les conditions favorables au développement économique des entreprises d’une filière, en l’occurrence la filière Image. Nous couvrons les secteurs d’activités cinéma, animation, télévision (flux et stock), transmédia, archivage numérique ; ainsi que toutes les activités techniques et logicielles qui y sont liées et les organismes de formation. Nous regroupons aujourd’hui plus de 100 membres dont 85 entreprises et 15 organismes de formation et recherche.
Quels sont vos axes de travail principaux ?
On articule nos actions autour de cinq axes :
1/ L’innovation est notre mission principale. Le Pôle fait un gros focus sur le transmédia depuis 2013 où nous avons lancé notre cycle Multi Ecrans qui comprend des actions de coaching et de formation (en partenariat avec l’INA et le CIFAP) à la production multi écrans. Nous sommes aussi coproducteur des Cross Video Days depuis leur création en 2010.
2/ Le second axe est celui du financement. En partenariat avec le réseau Initiative France, nous avons créé en 2012 le Prêt d’Honneur Image qui n’est éligible qu’aux entreprises de l’Image. C’est le seul dispositif de ce type en France.
3/ Concernant le développement à l’international, nous sommes impliqués dans le projet EuroTransmedia qui consiste à faire un agenda de recherche sur le transmédia à l’horizon 2030. Dans la continuité de ce projet européen on a déposé deux autres projets, un sur la création d’un master européen du transmédia et un autre sur la création d’un fonds d’investissement dans les œuvres transmédia.
4/ Sur le plan de la formation, nous sommes focalisés sur les nouvelles compétences numériques dans la filière audiovisuelle. Si les métiers changent peu dans leur appellation, les compétences par contre évoluent très vite à mesure que les technologies numériques se développent. Nous expérimentons des CV Vidéos sur ces nouvelles compétences, en partenariat avec le Pôle Emploi Audiovisuel et Spectacle.
5/ Et enfin nous sommes impliqué dans le collectif Ecoprod car le développement durable est notre principal axe RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale).
Depuis quand et pourquoi le Pôle Media Grand Paris est partenaire du collectif Ecoprod ?
Avant mon poste au Pôle, je dirigeais un cluster en PACA, le cluster PRIMI. J’avais lu un rapport fait par la Commission du film d’Ile de France sur le traitement des déchets. J’ai voulu entrer dans la dynamique qui pouvait être lancée autour de l’éco responsabilité dans notre filière. Un premier meeting a eu lieu sur mon invitation à Marseille où étaient présents, TF1, Audiens et la commission du film d’Ile de France. J’ai ensuite rejoint le Collectif avec le Pôle Média en Juin 2011.
Comment et avec quels outils le Pôle Media accompagne les entreprises vers des modes de production éco-responsables ?
Au sein du Pôle et auprès de nos entreprises, nous sommes le relais de ce que fait le Collectif Ecoprod. On essaie de l’appliquer auprès des entreprises qui sont adhérentes au Pôle. On relaie le travail du Collectif sur l’accompagnement des productions elles-mêmes, avec les fiches décor, les fiches métiers pour qu’ils adoptent poste par poste dans leur production des réflexes écoresponsables. Le gros du travail que l’on a fait a été de relayer la Charte Ecoprod pour l’entreprise audiovisuelle. C’était plus simple au niveau de notre cluster de faire en sorte que ces entreprises soient engagées dans cette Charte. A partir de là, on a imaginé un cycle vertueux où les entreprises viennent suivre deux demi-journées de formation. La première est une sensibilisation à des points bien précis : le recyclage, la maîtrise des flux énergétiques, les déplacements d’eau ou de personnel. Ensemble on fait venir des partenaires qui peuvent les accompagner: l’ADEME, l’ORDIF, des associations, le CNC pour ses aides spécifiques. Au bout des deux demi-journées les membres repartent avec un ensemble d’informations, des ressources sur clé USB et la connaissance des partenaires référents qui se sont présentés à eux et qu’ils pourront solliciter si besoin. En tout, deux groupes de 10 entreprises ont suivi la formation.
Quels sont les retours sur ces journées de formation ?
On veut maintenant passer à l’étape suivante. Les entreprises qui ont suivi les deux formations sont demandeuses d’accompagnement personnalisé. Une entreprise de VFX et une entreprise de location de matériel n’ont pas le même impact écologique. C’est pourquoi nous avons choisi de travailler avec un expert : le cabinet expert Verdicité. La démarche de celui-ci s’appuie point par point dans sa démarche sur les termes de la charte Ecoprod. Un questionnaire diagnostic est en cours qui pourra servir pour l’accompagnement ou la formation de tous les signataires de la Charte non adhérents du Pôle.
Les besoins d’accompagnement personnalisé viennent-ils d’un secteur d’activité en particulier ?
Nous avons des demandes dans tous les secteurs d’activité mais un en particulier se dégage: celui des plateaux de tournage qui font face à un problème de gestion des déchets. Ceux-ci sont collectés, emmenés, mais que deviennent-ils? Ce n’est pas encore très vertueux. On cherche à donner suite à une étude sur la gestion des déchets conduite en 2012 par la DIRECCTE et le Conseil Régional Ile de France. Cette phase d’étude a permis d’établir des ponts entre la filière audiovisuelle et d’autres secteurs présentant des problématiques similaires telles que les musées, les opéras, les théâtres, l’événementiel. Nous avons également commencé à réfléchir à des substitutions de matériaux pour la construction des décors. Une réflexion a aussi été engagée sur l’assemblage des décors qui sont cloutés, ce qui ne permet pas la récupération. Il suffirait de changer cette technique.
D’une manière générale, il faut sensibiliser à l’éco responsabilité dès la pre-production.
Sur le long terme quel est votre objectif sur la question environnementale ?
A partir des études qui ont été faites, nous voulons les compléter avec les expertises de Verdicité sur le terrain qui apporte des données quantifiées et qualifiées. Le but est d’être en capacité de définir les besoins communs à plusieurs entreprises de notre filière sur un même périmètre pour convaincre les collectivités territoriales de la nécessité d’engager des actions mutualisées, notamment sur la collecte des déchets.