Retours sur la Berlinale et son panier de films durables, à l’écran comme derrière la caméra
Cet article est la tarduction de “Green Bits and Bites”, de Birgit Heidsiek, publié sur Green Film Shooting.
À la Berlinale, la production de films respectueux de l’environnement est un enjeu à la fois à l’écran et dans les débats du secteur.
De délicieux fruits de la région, l’interdiction d’utiliser du plastique ou la proximité du lieu de tournage… Le public de la Berlinale peut découvrir plusieurs films produits de manière durable. Pendant le tournage du film 3 jours à Quiberon, réalisé par Emily Atef, l’actrice principale, Marie Bäumer, n’avait que quelques pas à faire pour aller de son hôtel au plateau. « Nous avons tourné plus des deux tiers du film sur le lieu de tournage principal », explique Karsten Stöter, producteur de ce drame émouvant qui évoque trois jours émotionnellement éprouvants dans la vie de la star de cinéma Romy Schneider.
3 Jours à Quiberon – © Peter Hartwig/Rohfilm Factory, Prokino
Pour les prises de vue, un pavillon de verre sur l’île balte de Fehmarn a été transformé en hôtel où des chambres, une salle de bain et un hall d’entrée ont été construits. Grâce à un décor photographique de 4 x 10 mètres, le balcon offre une vue sur la même mer et la même plage rocheuse que l’emplacement original à Quiberon. Les espaces réservés aux costumes et au maquillage étaient situés à proximité, dans l’hôtel où logeaient les comédiens. La courte distance entre le plateau de tournage et l’hôtel a permis d’économiser du temps et de l’argent, et de préserver l’environnement. Le tournage de 3 jours à Quiberon n’a demandé ni générateurs ni parc automobile, la production a donc pu postuler à une Green Shooting Card.
Dieter Kosslick, directeur du festival – © Piero Chiussi/Berlinale
L’accent mis sur la production de films respectueux de l’environnement est également à l’ordre du jour de plusieurs débats au sein du secteur organisés pendant la Berlinale : Marché du film européen, Marché de la coproduction de la Berlinale et Berlinale Audi Lounge.
« Le point de vue de notre société évolue et prend davantage en compte l’économie écologique. La transition vers les énergies propres et l’interdiction du diesel, du plastique et des pesticides sont déjà des questions clés du débat politique », signale Dieter Kosslick, directeur du festival et amateur de slow food activement engagé dans la production alimentaire durable. « Cette question touche également l’industrie du cinéma et des médias, un secteur au sein duquel de meilleures pratiques commencent à être adoptées dans plusieurs pays ».
Le film Figlia Mia (Ma fille), de la réalisatrice italienne Laura Bispuri, en compétition à la Berlinale, a été produit de manière durable en Sardaigne. « Nous avions un plateau démocratique », explique la productrice Marta Donzelli. « Aucune caravane ou limousine n’a été mise à la disposition des acteurs ». Alba Rohrwacher et Valeria Golino ont apprécié cette organisation. « Pendant la quasi-totalité du tournage, nous avons loué une grande maison qui accueillait également le bureau de la production et les espaces costumes, coiffure et maquillage. Nous avons fait du covoiturage et fourni des vélos aux acteurs pour leur permettre de se déplacer librement dans tout le village ».
La productrice italienne présente également le documentaire Lorello e Brunello dans la section Cinéma gastronomique. Le film fait le portrait de deux frères jumeaux qui exploitent en Toscane une petite ferme au bord de la faillite, en raison de la baisse du prix des produits agricoles sur le marché mondial. La production alimentaire industrielle et les méthodes d’éco-blanchiment utilisées pour commercialiser des produits faussement durables se trouvent au centre du documentaire Green Lies réalisé par Werner Boote, également auteur de Plastic Planet. Dans The Game Changers, le cinéaste américain Louie Psihoyos interroge des athlètes d’élite, des soldats, des groupes des forces d’intervention spéciales et des scientifiques, afin de déterminer si la viande est une source nécessaire de protéines pour notre corps.
« Les films que nous projetons ont vraiment du mordant », affirme Dieter Kosslick en faisant valoir son point de vue avec ironie.