Ce vendredi 17 mai, sur le stand de la CST, a été remis pour la troisième fois lors du Festival de Cannes, le Prix Ecoprod.
Au regard de la qualité des candidatures, le jury a choisi de remettre trois distinctions.
Il a attribué le Prix Ecoprod à deux films ex-aequo :
- Le Roman de Jim réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu et produit par SBS Production et Arte France Cinéma
- Maria réalisé par Jessica Palud et produit par Les Films de Mina, Moteur s’il vous plaît et Studiocanal.
Il a, en outre, souhaité décerner un Prix Spécial du Jury à :
- Niki réalisé par Céline Sallette et produit par Cinéfrance Studios, Wild Bunch, Onzecinq, Hologram, Panache Productions, La Cie Cinématographique
Le jury composé de Cyril Dion (écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste), Antoine Barraud (réalisateur, scénariste, membre de la SRF), Christine de Jekel (productrice, productrice exécutive) et Pauline Gil (chargée d’éco-production, formatrice) se réjouit de la qualité des dossiers et de l’ampleur des actions mises en place dans la production des films présélectionnés pour le Prix Ecoprod. La qualité des dossiers n’a cessé de s’améliorer depuis la création du prix, démontrant une prise de conscience de plus en plus affirmée des enjeux écologiques et une montée en compétence des équipes avec des approches ambitieuses et transverses.
Cyril Dion, membre du jury Ecoprod, explique : « J’ai été très heureux de faire partie du jury du Prix Ecoprod et de découvrir la diversité des démarches mises en place par les équipes pour réduire l’impact environnemental de leur film. Nous ne sommes qu’au début de ces démarches et d’une transformation profonde de la façon de produire, tourner et distribuer. La situation écologique nous l’impose. »
Prix Ecoprod ex-aequo : Le Roman de Jim et Maria
Le Roman de Jim des frères Larrieu, un ancrage territorial fort
Le jury a remis le prix Ecoprod au film Le Roman de Jim réalisé par Arnaud et Jean-Marie Larrieu, présenté à Cannes Première, le 22 mai à 19h. Le jury a salué l’attention globale et particulière portée aux questions d’éco-production à tous les postes. Le tournage a été fortement ancré dans le territoire, grâce à la formation de personnes sur place aux métiers de la régie éco-responsable. L’équipe a en plus veillé à garantir une pérennité du projet sur le long terme : ainsi une maison construite pour le film est aujourd’hui utilisée par la commune de Saint-Roman comme maison des associations.
“ Ce qui nous a touchés dans le dossier du “Roman de Jim” c’est l’enthousiasme qui a caractérisé la démarche d’éco-production. Faire preuve de pédagogie, susciter une large adhésion par l’humour et la bienveillance, comme l’a fait Mathieu Thill, en charge de l’éco-production, est une bonne manière de fédérer les équipes autour des enjeux environnementaux. ” , Pauline Gil, chargée d’éco-production.
L’équipe a été sensibilisée tout au long de la production et a pu ainsi monter en compétence au fur et à mesure du tournage dans une logique d’amélioration continue. Les prestataires et fournisseurs présents sur le tournage partageaient les engagements environnementaux de la production. Ainsi,un partenariat a été noué avec l’Esat Prestige de Saint Claude, un foyer de travailleurs handicapés. Grâce à lui, l’équipe déco a ainsi travaillé avec certains de ses pensionnaires, formés pour l’occasion, et a pu bénéficier de leurs matières premières, comme le bois. Enfin, la vieille Clio, abîmée par le temps, qui apparaît à l’écran était utilisée par ailleurs pour le transport des comédiens, afin de limiter le nombre de véhicules sur le tournage !
“Nous sommes très heureux de recevoir le Prix Ecoprod qui vient mettre en lumière le travail formidable de notre eco-manager Mathieu Thill et l’esprit d’équipe qui a permis de placer les enjeux environnementaux au cœur du quotidien de la fabrication du “Roman de Jim”. Les démarches mises en place nous ont permis d’intégrer cet engagement sans faire de sacrifice sur l’efficacité nécessaire au déroulement du tournage. Le Prix Ecoprod nous incite ainsi à creuser ce sillon et renforcer notre action.” Kevin Chneiweiss, producteur, SBS Productions.
Le Roman de Jim se déroule entre ville et campagne. Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim naît, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque… Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.
Maria de Jessica Palud, un démarche écologique initiée par les équipes techniques
Le jury a également remis le prix Ecoprod à Maria, réalisé par Jessica Palud, présenté dans la sélection Cannes Premières, le 21 mai à 20h.
“Nous avons été particulièrement impressionnés par la transversalité de la démarche d’éco-production. La volonté de limiter l’impact environnemental était portée à la fois par les équipes techniques et artistiques et par la production. C’est ce travail collectif, faisant appel aux compétences et aux connaissances de chaque membre de l’équipe, que nous avons souhaité récompenser.” Christine de Jekel, productrice et productrice exécutive, Moana Films, Curiosa Films, Lincoln TV.
Maria étant un film historique, l’un des challenges en termes d’impact environnemental se trouvait dans la création des décors. L’équipe déco, engagée de longue date sur les enjeux d’éco-conception, menée par la cheffe déco Valérie Valéro, la cheffe peintre Sabine Barthelemy et le chef constructeur Théo de Montalivet, ont conçu les décors à 90 % avec des matériaux et éléments recyclés. De nouvelles techniques ont été expérimentées sur ce long-métrage, tel que l’habillage des feuilles décor avec de la thibaude. La garde-robe d’époque a été constituée à partir d’éléments majoritairement récupérés et / ou recyclés (80 % de seconde main).
“ Recevoir le Prix Ecoprod représente la consécration des efforts encouragés par la productrice et les chefs de poste. Cette reconnaissance prouve que les techniques d’éco-production existent et sont cohérentes et à coût égal ou inférieur aux techniques habituelles. Elle valorise la façon de faire des films éco-conçus qui va de pair avec la portée ou le contenu des-dits films. Le Prix Ecoprod montre que le bilan carbone des films peut toujours être amélioré et qu’il n’y a ni fatalité ni restriction ou contre-indication à éco-produire un film difficile et ambitieux.” Marielle Duigou, productrice, Les Films de Mina.
Le film se déroule dans les années 70-80. Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris. Elle accède rapidement à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…
Prix spécial du Jury : Niki
NIKI, une implication forte de la réalisatrice
Le jury a souhaité distinguer Niki, premier film réalisé par Céline Sallette, présenté dans la sélection Un Certain Regard, le 23 mai à 14h.
“ Avec ce prix spécial, nous avons voulu souligner l’implication de la réalisatrice Céline Sallette qui, pour son premier long-métrage, a souhaité limiter l’impact environnemental à toutes les étapes de production. L’équipe, menée par la directrice de production Cécile Rémy-Boutang, a fait preuve de créativité pour allier l’ambition d’un film d’époque, le budget d’un premier film et une démarche d’éco-production qui a été pensée dans les moindres détails. ” Antoine Barraud, réalisateur, scénariste et membre de la SRF.
Le jury a été sensible à la collaboration étroite entre la réalisatrice et la directrice de production en matière d’éco-production. La stratégie a été pensée de manière transverse et dès le début en composant avec les choix artistiques et les contraintes économiques.
La production a privilégié les décors naturels pour éviter trop de construction et limiter les déchets. Un découpage technique très précis a permis de favoriser les prises en lumière naturelle. Les équipes ont innové pour éviter l’utilisation de moyens de transport motorisés et la machinerie lourde, en louant, par exemple, des vélos cargo pour réaliser les scènes de travellings extérieurs. Enfin, les lieux de tournage ont été regroupés dans des zones accessibles en transport en commun. L’intégralité des équipes les a pris, y compris la réalisatrice et les acteurs.
“Être distingué par le jury du Prix Ecoprod est un encouragement fort pour l’ensemble de la démarche d’éco-production entreprise par Cinéfrance Studios. C’est un honneur pour l’équipe du film qui s’est véritablement investie.” Géraldine Toitot, administratrice des productions / Impact manager chez Cinéfrance Studios, société de production qui a récemment annoncé vouloir certifier 50 % de ses productions en 2024 avec le Label Ecoprod.
Niki est un film d’époque. Paris 1952, Niki s’est installée en France avec son mari et sa fille loin d’une Amérique et d’une famille étouffante. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l’enfer qu’elle va découvrir, Niki trouvera dans l’art une arme pour se libérer.
En remettant ces distinctions à Cannes, Ecoprod entend apporter une visibilité accrue à l’éco-production et propager les pratiques éco-responsables sur les tournages et à toutes les étapes d’une production, quelle que soit l’œuvre. Le Prix Ecoprod permet également de démontrer que créativité et démarche environnementale responsable ne sont pas antinomiques !